Une pièce noire, des lunettes 3D : l’environnement idéal pour se plonger dans l’oeuvre de Lauren Moffatt, "The Unbinding".
Au coeur d’une forêt, une femme travaille dans une cabane. Un lieu perdu au milieu des végétaux, qui prend la forme d’un ordinateur géant construit avec une multitude d’objets électroniques.
Ce n’est pas le plus étrange : le visage de la protagoniste est construit comme un collage et ne cesse de bouger. Rappelant ainsi les créations cubistes ou surréalistes, ses cheveux, ses mains, son nez changent à chaque mouvement : chaque seconde, elle n’est plus tout à fait la même.
Dans cette installation vidéo stéréoscopique en noir et blanc de Lauren Moffatt, l’artiste australienne revisite cette technologie cinématographique très ancienne pour questionner les images.
Elle dévoile aussi de nombreuses inspirations : on peut ainsi évoquer l’une des pionnières de l’informatique Ada Lovelace, l’autrice de Frankenstein Mary Shelley mais aussi l’une des inventions sorties du cerveau de l’auteur Philip K. Dick. Dans son livre Substance Mort, il invente le « costume brouillé », qui, une fois enfilé, projette un million de visages sur celui ou celle qui le porte, le rendant ainsi invisible.
Coincée dans une boucle, (la vidéo n’a ni début ni fin), le personnage semble coincée avec sa cabane, qui pourrait être une machine à remonter le temps défectueuse, ou le symbole de sa mémoire fragmentée. Une façon de montrer que, comme le disait l'artiste Hito Steyerl, le cerveau fonctionne comme un navigateur web où chaque image peut en rappeler une autre.